Traduction de l’article de Joyce Kurtak Fetteroll : “Five steps to unschooling”
Traduit de l’anglais par Béatrice Mantovani
Première étape
Pour faire du unschooling, vous commencez avec les centres d’intérêt de votre enfant. Si il ou elle est intéressé(e) par les oiseaux, vous allez lire – ou parcourir, ou laisser de côté, ou seulement regarder les photos – dans des livres sur les oiseaux, regarder des vidéos sur les oiseaux, parler des oiseaux, rechercher puis construire des mangeoires d’oiseaux et des nichoirs (ou en acheter), tenir un journal sur les oiseaux, les enregistrer et réfléchir à leur comportement, rechercher sur internet des articles sur les oiseaux, visiter des réserves ornithologiques, dessiner des oiseaux, colorier quelques pages dans le livre de coloriage « Dover Birds of Prey », jouer avec des plumes, étudier les dessins des machines volantes que Léonard de Vinci a basées sur les oiseaux, regarder « Les oiseaux » de Alfred Hitchcock.
Mais allez-y DOUCEMENT. Estimez la quantité et le bon moment en fonction des réactions de votre enfant. Laissez-le dire non merci. Laissez-la choisir. Laissez son intérêt fixer le rythme. Si ça prend des années, laissez-le prendre des années. Si ça prend une heure, laissez-le prendre une heure.
Deuxième étape
Deuxièmement, vous devez vous assurer que votre enfant a la possibilité de développer ses centres d’intérêt. Ayez des livres, des vidéos, des trousses de bricolage, des jeux, des puzzles, des cassettes de musique, des marionnettes, des collections sur la nature, et d’autres choses intéressantes à sa disposition, qu’il ou elle peut prendre quand il (ou elle) le souhaite. (Cherchez des trésors dans les bibliothèques, les vide-greniers, dans votre cave.) Faites des excursions comme moyen de susciter son intérêt.
Promenez-vous dans des musées et regardez simplement les choses qui intéressent l’un(e) de vous. Résistez à l’envie de vous forcer à vous intéresser à quelque chose parce que vous pensez que ça serait bon pour elle (ou lui). Lisez un livre ou assemblez un kit, même si vous êtes certaine que ça ne mènera nulle part. Laissez-le dire non merci s’il n’est pas intéressé à faire quelque chose dès maintenant, ou à s’impliquer dans un degré moindre que ce que vous pensez qu’il « devrait ».
Troisième étape
Intéressez-vous vous-même à certaines choses. Pas pour éduquer votre enfant, mais pour apprendre pour vous-même. Trouvez un intérêt qui vous a toujours passionné, mais que vous n’avez jamais eu le temps d’explorer. Regardez la vie autour de vous avec curiosité.
Recherchez des renseignements qui vont satisfaire votre propre curiosité. Ou, tout simplement, méditez sur les merveilles tout autour de vous. Posez des questions dont vous ne connaissez pas les réponses. « Pourquoi y a-t-il de belles couleurs sous le vert des feuilles? » « Pourquoi ont-ils construit le pont ici plutôt que là-bas? » « Pourquoi y-a-t-il tout à coup plus de circulation qu’avant sur ma route ? »
Dites à votre enfant que toutes les questions n’ont pas encore reçu de réponse et que ce n’est pas son travail de continuer à absorber les réponses jusqu’à ce qu’elle les ait toutes en tête.
Quatrième étape
Commencez à remarquer les possibilités d’apprentissage qui se trouvent partout autour de vous. Il y a des fractions dans le temps et la cuisine, et dans les relations entre les objets. (Il a un tiers de plus de M&M bleus que de M&M marrons.) La TVA est un pourcentage du total, certains articles contiennent 20 % de produit gratuit en plus, pendant les soldes les magasins offrent un pourcentage de rabais sur le prix initial.
Il y a des tas de sciences dans la cuisine. Pourquoi la chaleur transforme-t-elle le blanc d’un œuf, liquide et clair au départ, en solide blanc? Quel processus transforme un gâteau liquide en un gâteau solide plein d’air ? Ne vous inquiétez pas si vous ne connaissez pas les réponses. N’importe qui peut chercher les réponses. Peu de gens peuvent poser des questions.
Voici un exemple vécu : en regardant « Xena la guerrière » et en lisant « La petite maison dans la prairie », ma fille a rencontré trois références à Jules César, Brutus et Marc Antoine. Aujourd’hui, elle ne « connaît » pas l’histoire romaine, mais elle a une accroche ou point de référence à partir duquel construire, pour demain, la semaine prochaine, dans trois ans : « Tu te souviens de Jules César, le gars que Xena déteste. »
Malheureusement, nous avons appris à l’école que le savoir est enfermé dans des livres et que la lecture est le seul moyen pour y arriver. Ce n’est pas vrai. Il est libre. Nous en sommes entourés. Nous avons juste besoin de réapprendre à le reconnaître dans son état sauvage.
Cinquième étape
Et enfin, oubliez l’approche linéaire de l’apprentissage avec laquelle nous avons grandi. Par exemple, nous avons appris que pour apprendre il faut lire « toutes les choses importantes » sur un sujet, rassemblées et emballées pour nous dans un manuel, puis passer ensuite au prochain paquet d’information.
Bien sûr, parfois un centre d’intérêt entraîne les enfants à accumuler un énorme paquet de connaissances à la fois. C’est facile à voir. Et il est facile de surestimer ça comme étant la « meilleure » façon d’apprendre.
Le plus souvent, les enfants rassemblent lentement des détails intéressants, faisant des connexions quand les choses leur viennent, pour créer une base. Ils vont ajouter des morceaux ici et là au fil des ans pour bâtir sur cette base. Il n’est pas si facile de voir quand ça se passe. Et il est très facile de sous-estimer cela.
Donc, si nous pouvons nous entraîner à voir ce processus, nous pouvons aider le processus à suivre son cours, en appréciant les fois où ils voient Thomas Jefferson dans la série Animaniacs, puis, sur les pièces de cinq cents, puis encore, sur le Mont Rushmore. Ces moments le rendront reconnaissable et familier. Ensuite, plus ils recueilleront de renseignements à propos de Jefferson, plus il deviendra intéressant. Et plus il deviendra intéressant, plus ils voudront en savoir à son sujet.
Il m’a fallu au moins deux ans et beaucoup de messages d’unschoolers très patients (et beaucoup de questions posées par d’autres débutants qui étaient tout aussi confus que moi) pour pouvoir enfin « saisir » le unschooling. J’espère que ces cinq étapes rendront votre passage au unschooling plus facile que le mien!
Cet article a été publié dans l’édition de Janvier-Février 2000 de “Home Education Magazine”.
Révisé par Catherine Forest le 15 mars 2013.